J’ai rencontré Culotte quand j’habitais Paris. Elle foutait rien sauf trainer dans les bars. Quand je l’ai croisé à la Mutinerie, elle buvait une bière en souriant. Comme je souris tout le temps, on s’est regardées comme deux connes heureuses. Je suis timide et donc je savais pas quoi dire alors j’ai dit un truc débile et c’était :

“Comment tu t’appelles ?”

Elle m’a regardé en coin et elle a dit :

“Inside. My name is Culotte Inside”

C’était vraiment une réponse pourrie mais je kiffe. J’adore les trucs kitchs : le plan 007 débile, ça le faisait. Elle m’a plu. Nous sommes devenues amies.

C’est elle qui a eu l’idée de vendre des culottes spécialisées. J’ai juste fabriqué les prototypes. C’est ensemble que nous avons ouvert le site Culotte Inside : un nom pareil, j’aurais pas pu l’inventer ! 3 ans de pur bonheur à survoler cette success story internationale. Je ne vais pas vous faire un dessin. Tout le monde connait Culotte Inside.

Culotte commençait à s’ennuyer, perdue toute seule au milieu de ses culottes. Elle avait envie d’aventures ! Elle voulait du grand air ! Un jour, elle m’a dit :

“Qu’est-ce que je peux me faire chier !” – et elle est rentrée chez elle pour fumer un gros joint en matant YouPorn.

J’étais vachement inquiète.

Un matin, Culotte a eu l’idée. Une rencontre. La vie est faite de rencontres.

Son projet était de créer un espace positif dédié aux transidentités. Culotte est une rêveuse. Pour elle, les transidentités, c’est hyper large : tout le monde est bienvenu ! Tu peux te sentir genre, agenre, bigenre, pangenre, transgenre ; tu peux même te travestir, te travelotter, te queeriser, te maquiller une fois par trimestre ; tu peux être fière d’être transsexuel-le, trans tout court ou même revendiquer un esprit de transitude. En vrai, personne est d’accord mais Culotte, elle s’en fout complètement. Elle aime les gens et les gens trans ont plein d’histoires merveilleuses à raconter.

Elle s’est empressée de parler de son projet à ses potes mais certaines réactions furent apeurées :

“Nan mais Culotte, fais gaffe ! Tu vas te faire déglinguer” – elle a pas répondu. C’est pas qu’elle s’en branle mais c’est pas un argument.

Elle a eu aussi des personnes sceptiques qui ont rien dit, du style : “..” – un silence éloquent. Elle a fait comme si elle entendait pas.

Elle a eu aussi des personnes qui comprenaient pas :

“Enfin Culotte, qu’est-ce que ça t’apporte de t’occuper de ça ? Pourquoi tu ne vis pas ta vie dans ton coin ?” – elle a pas répondu. C’est pas qu’elle s’en branle mais elle idéalise tout.

Je ne comprenait pas bien son projet jusqu’à ce que moi aussi, je rencontre Petit Cyclone. C’est son nouveau pote. Elle l’a rencontré sur une autre planète. Iel est aussi barge qu’elle. Iel m’a tout expliqué :

“On va faire une marketplace transidentitaire ! Tu vas voir ! On va étoffer tes trucs de culottes. On va développer ta gamme. On va proposer d’ouvrir à des créatifs trans.” – son visage était extatique en parlant. Comme je suis une meuf influençable, j’ai accepté de les aider.

“On va valoriser les transidentités ! Bien sûr, on commencera tranquille en créant nous-même des articles sur des sujets cool. Plus tard, quand ça va cartonner, on recrutera des journalistes parmi les personnes trans parce qu’il n’y a pas de raison !” – tout son corps palpitait en parlant. Là, j’ai trouvé qu’iel y allait un peu fort mais je ne sais pas dire non alors j’ai dit oui.

“On va améliorer le quotidien et accompagner les changements de mentalités. Tiens, toi qui a un avis sur tout : tu vas arrêter de glandouiller pour nous proposer quelques sujets concrets sur des thèmes qui te plaisent. Pis plus tard, on ouvrira” – son visage était sévère en me regardant. Je me suis sentie prise au piège et comme je suis un peu soumise, j’ai pas osé me rebeller.

C’est comme ça que le projet Petit Cyclone est né ! On sait pas où/quand/quoi/comment mais on y va !
Culotte a eu l’idée de contacter Transfund International pour choper du capital. Je me suis coltinée le dossier, j’ai trouvé des partenaires … Transfund m’a appelé en juillet pour me dire que le dossier était en shortlist et qu’il était cool. Début septembre, ils avaient changé d’avis :

“Ouais c’est cool mais on a gavé de dossiers et plus beaucoup de dollars. Dis, ça pourrait le faire si tu déposes l’année prochaine …”.

Après cette annonce, j’étais super déprimée. Culotte s’était remise à fumer de la weed devant YouPorn. Petit s’était barré en vacances sur sa planète.

Quelques jours plus tard, Culotte est revenue :

“Tu sais quoi Candice ? J’en ai rien à branler de ces truffes de Transfund ! Ils peuvent se sucer le cul avec leurs dollars, je m’en tape ! Le projet, on va le faire quand même. On va commencer petit et doucement mais on va avancer et puis c’est tout.”

Voilà comment a démarré le projet Petit Cyclone.

On a besoin de vous pour que l’idée avance. Besoin de votre présence. Besoin de vos envies. Besoin de vos talents.


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